Ce qu’il faut retenir…
Les travaux scientifiques de Loveluck (2016) montrent que le vigilantisme numérique peut revêtir quatre formes distinctes :
- Le signalement : souvent mis en pratique dans une démarche humoristique, voire sarcastique, il vise à railler collectivement des comportements inciviques en publiant des photos ou des textes qui illustrent des situations inappropriées et honteuses (ex. groupe “Passengers Shaming” qui répertorie les pires comportements en avion). Ces initiatives ne permettent pas en général d’identifier les fautifs et n’ont pas d’incidence sur leur quotidien.
- L’enquête : elle est menée de manière ouverte et publique et s’appuie sur la contribution collective pour recueillir des informations en ligne afin d’identifier un ou des coupables (ex. “Reddit Bureau of Investigation”). La démarche soulève plusieurs problématiques : court-circuitage de certaines enquêtes de police lorsque les indices ou preuves sont révélés au public, risque d’une justice expéditive qui dénonce et condamne à tort des individus, etc.
- La traque : plus élaborée et coordonnée, elle s’inscrit dans une perspective vindicative et punitive. Les conduites incriminées sont identifiées comme déviantes et insuffisamment sanctionnées par les autorités. Un collectif va ainsi se constituer pour rétablir l’ordre moral et orchestrer des actions ciblées (ex. le collectif “Team Moore” qui compromet numériquement des pédocriminels afin de les dénoncer à la justice).
- La dénonciation organisée : elle relève plus de la pratique journalistique et se structure de manière très méthodique et confidentielle. Elle travaille essentiellement sur la divulgation de données sensibles dans le but principal de lutter contre la corruption (ex. “Paradise Papers”, “Wikileaks”, “Offshore Leaks”, etc.).