Cyberharcèlement
« T’es trop moche pour te faire draguer », « salope » « va crever », « il aurait dû te tuer », « si je vous croise, je vous démolis la mâchoire », « je te viole », etc. Ces phrases assassines ont envahi le quotidien de Marie Laguerre. Quel est le motif d’une d’une telle « cohorte de la haine » ?
En juillet 2018, en plein cœur de Paris, elle se fait violemment frapper au visage. Souhaitant dénoncer cette agression sexiste, elle décide de diffuser la séquence filmée sur Facebook. Alors que cette médiatisation aurait dû sensibiliser l’opinion publique aux violences quotidiennes que subissent les femmes dans la rue, elle a suscité au contraire un déferlement d’insultes, de menaces de mort ou de viol en ligne. Atterrée et choquée, elle a déposé plainte en réponse à ce cyberharcèlement.
Malheureusement, peu de victimes de ce genre de cyberviolences affichent un tel courage et s’enferment au contraire dans un mutisme, se replient sur soi, souffrent de dépression, etc.
Les jeunes sont d’autant plus exposés qu’ils ne connaissent pas les modes de défense auxquels ils peuvent avoir recours et se retrouvent dans des situations encore plus dramatiques. Malgré les efforts du législateur et de l’éducation nationale, le phénomène ne cesse de s’amplifier.
Aussi ce projet de recherche vise à formaliser des questionnements scientifiques autour du cyberharcèlement pour comprendre les nouvelles formes d’expression de la violence au moyen des nouvelles technologies, à identifier les comportements spécifiques qui leur sont attachés et à proposer à la gendarmerie nationale, partenaire privilégiée de CyberNeTic, des dispositifs numériques innovants qui renouvellent dans un premier temps les méthodologies d’intervention puis de prévention en matière de cyberharcèlement.
Comprendre le projet de recherche CyberNeTic
En partenariat avec la Gendarmerie Nationale, le projet CyberNeTic vise à mener une recherche-action au coeur des sciences de l’information et de la communication et de la criminologie pour étudier les formes d’expression de la violence au moyen des nouvelles technologies et tout particulièrement celle du cyberharcèlement. Il s’agit d’analyser les discours d’expériences (victimes, enquêteurs, grands témoins, etc.) et les échanges de conversations (sms, réseaux sociaux, mails, etc.), afin d’identifier les phénomènes d’engrenage, les stratégies d’influence et de manipulation enclenchées par les auteurs des faits.
Les objectifs visés
- Développer une dynamique de recherche émergente qui s’appuie sur une collecte de données qualitative inédite en France jamais encore exploitées dans le cadre de travaux scientifiques en sciences humaines et sociales.
- Mener une recherche-action avec un impact social fort qui vise à améliorer les pratiques professionnelles des enquêteurs de la gendarmerie par une approche compréhensive des cyberviolences et à renforcer leurs moyens d’intervention sur le terrain dans la lutte contre le cyberharcèlement.
- Ouvrir et consolider un dialogue scientifique entre l’université Bordeaux Montaigne et l’institution de la Gendarmerie Nationale afin de développer une dynamique scientifique renouvelée en Sciences de l’information et de la communication et en criminologie.