Ce qu’il faut retenir…
Afin de lutter contre l’usage de la violence qu’elle soit physique ou symbolique, les fondatrices de ce mouvement ont mobilisé le ressort de la provocation en appelant cette manifestation la “marche des salopes” justifiant ainsi ôter le monopole de l’usage de cette insulte aux agresseurs, se la réapproprier pour la détourner de son sens péjoratif et pointer du doigt l’absurdité d’un tel usage banalisé dans les discours qui stigmatisent la sexualité féminine.
La terminologie outrancière de ce “nouveau féminisme” (PAHUD et al. ; 2018) fait pourtant débat parmi les militantes qui considèrent pour certaines que la réutilisation de cette injure ne fait que perpétuer les mécanismes de contrôle socio-sexuel patriarcaux, en reprenant un langage profondément misogyne, humiliant et dégradant pour les femmes. Plutôt que de les rassembler, il les divise en les réduisant de manière binaire entre celles qui sont des “salopes” et celles qui ne le sont pas.
Indépendamment de la sémantique, ces féministes s’interrogent également sur la pertinence de refuser d’être considérées comme des objets sexuels mais pour autant de mobiliser les symboles de “saloperie” (sluthood) : mini-jupe, soutien-gorge, rouge à lèvres, etc., qui assignent une image stéréotypée et artificielle au collectif.