Ce qu’il faut retenir…
Traduit en français par “culture de l’annulation” ou “culture de la dénonciation”, la “cancel culture” est une pratique déviante de l’ostracisme qui vise à mettre au pilori une personne qui aurait tenu des propos ou eu des comportements offensants (avérés ou supposés) qui conduisent à l’indignation publique, notamment sur les réseaux sociaux.
Généralement portée par les mouvements “woke” (qui se décrivent comme une nouvelle génération militante qui revendique lutter et dénoncer toutes formes d’injustices subies par les minorités, qu’elles soient sexuelles, ethniques ou religieuses), des accusations publiques sont proférées en appelant à une nouvelle forme de censure générale : le boycott.
Il s’agit de “cancel” la personne (littéralement la supprimer), en ternissant son image par des insinuations, des dénonciations, des délations, etc., en perturbant son activité per des intimidations, des menaces, une exposition médiatique, etc., jusqu’à ce qu’elle capitule.
Souvent dénoncée pour l’impunité du système dans lequel la cancel culture s’inscrit et la manière dont les individus reproduisent à leur tour des injustices et des violences en ligne pourtant consensuellement critiquées, elle s’appuie sur une forme de lynchage numérique qui brutalise les débats et polarise les échanges car :
- les écrits d’écran courts et émotifs laissent peu de place à la nuance et au raisonnement ;
- la distance marquée par l’usage d’un ordinateur, par l’asynchronicité des réponses ne permet pas de mesurer l’impact psychologique sur les victimes ;
- les dynamiques collectives propres aux réseaux sociaux amplifient le phénomène de contagion et la diffusion d’affirmations spectaculaires qui génèrent du trafic.