Ce qu’il faut retenir…
Les hate sites mobilisent des mécanismes sociocognitifs caractéristiques d’une rhétorique qui emprunte à la propagande haineuse, avec pour ressorts principaux :
- une répétition méthodique de thèmes principaux qui portent à controverse - l’usage d’un langage ordinaire et de slogans pour susciter l’adhésion et la réappropriation (contenus socialement admissibles) ;
- une simplification exagérée voire stéréotypée de l’histoire, des causes, des événements ;
- une condamnation des élites corrompues et détachées des intérêts des citoyens pour légitimer ou crédibiliser de nouvelles revendications politiques (Windisch ; 1978) ;
- une victimisation de soi versus une diabolisation de l’Autre (dichotomie nous-eux) / voire une polarisation d’un groupe minoritaire clairement désigné comme “inassimilable” (Potvin ; 2017) face à une communauté en péril, qui a pour seule défense des solutions extrémistes (en état de légitime défense) ;
- une publication récurrente de propos émotionnels et moralisateurs qui suscitent de vives réactions en ligne (les taux de clics et de rebonds étant des facteurs de référencement pour un site web) ;
- une mise en ligne stratégique de l’information en réaction à des évènements médiatiques, avec un grossissement ou une déformation des faits prétendument “objectifs” (raccourcis scientifiques, statistiques floues, sources non citées, etc.) ;
- une visibilité renforcée par la création de nombreux hyperliens, le regroupement en réseaux, la citation ou la référence endogène, etc.
- une préservation de l’anonymat qui garantit une opacité sur les centres de décision de l’organisation (recours à des pseudonymes, création de faux profils, fourniture de fausses données personnelles, dissimulation de l’adresse IP, contenus produits automatiquement par des bots, etc.) ;
- un recours fréquent à des trolls pour adopter des comportements provocateurs et perturbateurs dans les débats en ligne.