Ce qu’il faut retenir…
Au regard des études empiriques menées, plusieurs constantes semblent invariables dans l’élaboration de la rumeur :
- Elle s’impose avant tout sur le registre de la révélation inédite, du sensationnel, du subversif voire même du scandaleux. Sa sémantique est toujours marquée par la clandestinité et adopte le ton de la confidence (révélation d’un scandale caché, contre-version à la version officielle, etc.) ;
- Elle renforce les liens à l’intérieur du groupe qui la partage (fonction d’intégration sociale) et accentue les logiques de différenciation avec les autres groupes (fonction de différenciation sociale) en s’exprimant généralement par l’attaque d’une personne ou d’un groupe d’individus ;
- 4 thèmes narratifs semblent être privilégiés : la faute, la trahison, le complot et le mal caché. Si les mêmes biais de négativité sont régulièrement convoqués, elle subit des adaptations visant à la rendre actuelle et proche ;
- Elle joue des rapports de promiscuité que génère internet sur les médias et réseaux sociaux, pour toucher un auditoire très large excessivement rapidement (recours à des images ou vidéos) ;
- Elle se diffuse sous couvert d’anonymat (notion de « bruit qui court ») empêchant ainsi son démenti. Mais paradoxalement, elle joue toujours sur la notion de source de confiance (ex. l’ami d’un ami) même si le relayeur n’est jamais le témoin direct ;
- La plausibilité de l’allégation est contestable et au grès de la diffusion, l’information peut se transformer en omettant certains éléments, en les polarisant, en les généralisant, en les surspécifiant (ajout de détails) (Rouquette, 1975).