Ce qu’il faut retenir…
Prolongeant les travaux de Goffman, les psychologues Dominique Picard et Edmond Marc (1989) précisent que les interactions sociales sont soumises à un ensemble de règles culturelles où le corps prend valeur de signifiant. Ainsi deux phénomènes discriminatoires liés au physique sont particulièrement moralisateurs et stigmatisants et mettent davantage l’accent sur la responsabilisation de comportements individuels que sur des raisons biologiques.
Ainsi dans le cadre de skinny shaming (maigrophobie), il est implicitement reproché aux personnes très minces de renfermer un problème de surcontrôle de leur alimentation ou de leur habitude d’exercice physique. Mais dans un contexte où la minceur apparaît plus désirable que jamais, plusieurs auteurs ont démontré qu’être trop svelte n’a jamais empêché d’être socialement accepté.
Contrairement aux personnes victimes de fat shaming (grossophobie), que l’on tient souvent pour responsables de choix alimentaires malsains, d’une mauvaise hygiène de vie, les personnes corpulentes voient régulièrement leurs droits fondamentaux bafoués tant en termes d’emploi, de logement, d’accès aux soins, etc.
Les dernières enquêtes sur le body shaming en Europe (YouGov, 2019) ont montré que 85% des auteurs de discriminations liées au physique sont des personnes issues de l’entourage des victimes. Dans 45% des cas, elles évoluent dans leur environnement professionnel, dans 25% des cas dans la sphère amicale et dans 15% des cas dans le cercle familial.